Suis-je normal(e) ? Analyse du rebond

Dans l’article précédent (suis-je normal), nous vous faisions part d’un étrange rebond dans les courbes de fréquence de réponses opposées.

Nous avons poussé un peu plus loin l’analyse et une explication se profile.

Calculs

Le calcul que nous avions présenté en première instance était le suivant :

Pour chaque observation et pour chaque réponse au test :
EcartTotal= ValeurAbsolue(Rep1-MoyenneRep1) + ValeurAbsolue(Rep2-MoyenneRep2) + etc…

Ce qui donne ceci : moutonbarre0

Avec donc l’étrange rebond en fin de courbe.

Mais si nous calculons de façon plus binaire :

EcartTotal= +1 si réponse opposée à la moyenne

Nous obtenons : moutonbarre7

Autrement dit, une jolie cloche presque parfaitement symétrique.

Interprétation

Voilà qui est intéressant !

Plus les personnes sont opposées en tout au reste du monde,
plus elles sont tranchantes dans leur opposition.

Autrement dit, ces personnes répondent « NON » au lieu de « Plutôt non » ou « OUI » au lieu de « plutôt oui » avec une fréquence qui n’est pas habituelle.

Conclusion

Cela mériterait de plus amples investigations. Mais pour l’heure, il semble qu’être en opposition avec le reste du monde soit plutôt énervant au point de ne plus moduler ses avis et prises de position, c’est_à-dire d’être systématiquement sur le mode de l’affirmation tranchée.

Ce n’est donc pas exactement un détecteur de chieurs que nous avons trouvé sans le faire exprès, mais plus précisément un détecteur de chieurs-binaires ! 🙂

Suis-je normal ?

Sur les 135 questions que compte notre évaluation de la personnalité humaine, rares sont ceux qui ont la moyenne partout.

Autrement dit, pour chacune des questions, il y a une moyenne chiffrable, qui est du côté du oui ou du non. Par exemple, nous pouvons dire qu’en moyenne, les personnes répondent « oui » à « j’aime manger ».

Aussi, quand une personne répond « oui » à cette question, elle pense comme tout le monde.

Et voilà donc le problème de « suis-je normal » qui pointe. En réalité, d’après notre base de données, les personnes qui « pensent comme tout le monde » sur toutes les questions sont extrêmement rares. Il y a toujours quelques questions qui sont différentes.

Ainsi, ce qui est normal c’est d’être différent.

Oui mais à quel point ?

Nous avons calculé sur l’ensemble des tests le nombre moyen de différences de réponses. Ce nombre moyen devient la « normalité ».

A partir de cet indicateur, nos résultats permettent de comprendre 2 choses :

  • L’écart en valeur absolue dit le degré d’exception de la personne.
    Autrement dit, avoir -20 points ou +20 points revient au même : être à 20 points de ce qui est « ordinaire ». C’est une sorte de degré de rareté.
  • La direction de cet écart dit le type d’exception de la personne.
    Autrement dit, plus l’écart est négatif, plus la personne « pense comme tout le monde ». Et inversement, plus l’écart est positif, plus la personne « pense différemment des autres »

C’est donc un indicateur plutôt pertinent pour répondre non pas à la question « suis-je normal », qui en réalité n’a pas beaucoup de sens, mais à: « Mon degré de  complexité est-il ordinaire ? »

Voici les courbes calculées sur différents segments :

img-exception

Les courbes ont été calculées sur les 650 000 observations de la base de données.

Une chose évidente saute aux yeux: il y a un rebond !

Les courbes sont presque parfaitement symétriques sur le sommet, mais il y a un rebond…

Nous ne savons pas encore la nature et le pourquoi de ce rebond et comptons bien en découvrir les raisons.
C’est comme s’il y avait une sorte de « bascule », un seuil à partir duquel quand on pense différemment des autres, on fait la totale. Comme si d’un coup cela devenait de l’ordre du principe d’opposition.

En d’autres termes,  ce rebond est peut-être bien un détecteur de ceux qui ont fait du comportement de « ne pas être d’accord » un principe de vie.

Dit vulgairement: le rebond des emmerdeurs 🙂

Quoi qu’il en soit, cela donne un éclairage intéressant sur la notion de normalité et la richesse de la personnalité humaine.

Aussi, il ne sert à rien de se demander « Suis-je normale(e) », la question est plutôt « Suis-je rare ? » , car les gens normaux sont de toute évidence plutôt exceptionnels.

 

La crise de la quarantaine

Rappel : Notre base de données contient 640 000 observations x 131 items(questions) sur 12 ans, qualifiée âge, genre, CSP

C’est à l’occasion d’une petite analyse que nous avons remarqué sur les 131 questions, en triant les moyennes selon l’âge, que certaines réponses passent du « oui » au « non », et inversement, entre les 25-35 ans et les 35-45 ans.

Nous avons donc décidé de creuser un peu plus, et les chiffres sont éloquents

La liste des 10 questions du test de personnalité

Voici la liste des questions dont les réponses moyennes changent de nature à l’âge de 35-45 ans

Passe de « oui » à « non » à la quarantaine :

254 : Je suis fréquemment obsédé par des doutes sur des choses sans importance
265 : Je suis souvent indécis
266 : J’hésite longtemps avant d’agir
312 : Je suis très ambitieux
315 : Je suis jaloux dans mes affections et amitiés
330 : Je surveilles mes gestes, mon ton de voix
39 : Je regarde beaucoup la télévision.

Passe de « non » à « oui » à la quarantaine :

263 : Je fais ce que j’ai à faire tout de suite, je ne remets pas à demain
282 : J’ai horreur de ce qui est habituel et prévu d’avance
326 : Les formes sensibles ne sont qu’un renseignement

Observations et interprétation

Voici le tableau extrême de la « crise de la quarantaine » brossé dans un langage moins protocolaire que d’habitude, mais plus explicite:

La personne atteignant la quarantaine ne fait plus dans le détail, elle n’est plus sensible à des « petits rien » (326,254) . Elle acquière une certaine confiance en soi (265,266) bien qu’il soit difficile de dire si c’est par expérience au sens « compétence » du terme ou par « lassitude ». Quoi qu’il en soit, clairement, la crise de la quarantaine ressemble à « Ne plus se prendre la tête », c’est-à-dire une sorte de lâché-prise  d’hyper-vigilance et/ou de respect de normes (330,282) .

Création d’un indice « Quadra »

A présent que nous avons identifié un profil correspondant à la crise de la quarantaine et aux 10 questions qui l’expriment, nous avons essayé, pour vérifier, de créer un indice (score sur 100 points) basé sur ces questions. En voici les résultats sur un échantillon des 10 000 derniers tests de personnalité effectués :

Hommes 16-18 (441) 42.34 40.3 Femmes 16-18 (1043)
Hommes 18-25 (1505) 43.37 41.02 Femmes 18-25 (2205)
Hommes 25-35 (870) 46.79 45.58 Femmes 25-35 (1218)
Hommes 35-45 (373) 52.09 52.53 Femmes 35-45 (555)
Hommes 45-55 (222) 55.51 56.37 Femmes 45-55 (300)
Hommes 55+ (80) 53.4 58.13 Femmes 55+ (111)

L’indice semble donc bien fonctionner puisqu’il passe la barre moyenne de 50 points sur la tranche d’âge des quadragénaires.

Conclusion

Nos chiffres sont clairs et nets, la crise de la quarantaine consiste à d’un coup dire : « Je m’en fous, je fais ce que je veux et je vais pas m’emmerder avec ça; quant au reste, c’est pas bien grave »

Nous intégrerons bientôt cet indice à la fiche de personnalité, bien que son utilité soit toute relative… Disons qu’il sera peut-être amusant de créer une indice « Diagnostique de crise de la quarantaine »

Il est à noté que nous avons observer quelques questions qui changent aussi de la même façon à la cinquantaine, ce qui fera l’objet d’un autre article.

 

Note : Cette analyse et son utilisation commerciale directe ou indirecte est soumise à copyright.

 

 

Différences entre Cadres et Employés – part 3

Rappel : Notre base de données contient 640 000 observations x 131 items(questions) sur 12 ans, qualifiée âge, genre, CSP
Voir les comptages par CSP

Cet article fait suite à Différences entre Cadres et Employés – part 2

 

Nous continuons notre exploration des caractéristiques particulières des Cadres.

Nous avons trouvé des résultats étranges qui sortent un peu de notre approche opposant Cadres et Employés, mais qui ont le mérite de susciter une belle réflexion.

La question 249 :  » Je m’echauffe en parlant « 

Variations par rapport à la moyenne par CSP
(OUI=1pt, NON=4pts, moyenne=2.65 soit « non »)

Cadres (informatique, télécoms) -0.02
Cadres autres secteurs -0.03
Chefs d’entreprises -0.14
Professions libérales -0.13
Professions intellectuelles, artistiques -0.19
Chercheurs ou médecins des hopitaux -0.11
Enseignants ou personnels de la santé -0.12
Etudiants 0.01
Collégiens-Lycéens 0.04
Agriculteurs exploitants -0.04
Ouvriers spécialises ou agricoles 0.04
Artisans -0.04
Commercants et assimilés -0.06
Employés (informatique, télécoms) 0.00
Employés de la fonction publique 0.00
Employés des entreprises 0.03
Retraités, pré-retraités -0.42
Chomeurs et inactifs 0.01

Observations : il est important de noter que la moyenne totale de cette question est de 2,65 points. Autrement dit, la moyenne des personnes testées « ne s’échauffe pas en parlant ».
Bien que ce ne soit pas notre sujet, nous observons que ce sont les retraités et préretraités qui montrent la plus grosse variation avec -0,42 de différence, ce qui les amène à la réponse opposée, c’est-à-dire « oui je m’échauffe en parlant ».

Interprétation

Cette question n’est pas compliquée à comprendre, elle n’a pas de double sens.

Ce qui a attiré notre attention, c’est que les Cadres sont ici significativement différents des Chefs d’entreprise et Professions libérales. C’est une des rares questions où c’est le cas. En effet, sur les 131 questions que compte le test de personnalité, nous observons régulièrement des variations synchronisées entre les postes à responsabilités et les autres.
En d’autres termes, souvent, les Cadres et les Chefs d’entreprise ont des moyennes proches. Or, ce n’est pas le cas ici.

Ce qui nous paraît étonnant ici, ce n’est pas que les professions intellectuelles et artistiques soient plus enclins à s’échauffer en parlant, c’est que les chefs d’entreprise et professions libérales le soient et pas les Cadres.

Conclusion

Si nous partons du principe que le fait de s’échauffer en parlant est l’expression d’une certaine exaltation, voire d’une passion, alors nous observons que la différence subtile entre les cadres et les chefs d’entreprise est justement ce supplément d’âme.

Peut-être est-ce là une des différences fondamentales entre un Cadre et un Chef d’entreprise, un degré de passion supplémentaire, l’expression de la différence entre faire pour soi et faire pour les autres.

Nous notons aussi, qu’il est possible de renverser l’interprétation de la question, en disant que les cadres se maîtrisent plus que les chefs d’entreprise…

Différences entre Cadres et Employés – part 2

Rappel : Notre base de données contient 640 000 observations x 131 items(questions) sur 12 ans, qualifiée âge, genre, CSP
Voir les comptages par CSP

Cet article fait suite à Différences entre Cadres et Employés – part 1

 

A la suite de notre petite découverte anecdotique, nous avons voulu en savoir un peu plus sur les différences entre les cadres et les employés. Plus exactement, nous avons regardé s’il n’y aurait pas une question qui serait particulièrement « typique » des cadres et chefs d’entreprise comparés au « reste du monde » . Et devinez quoi ? Il y en a une belle.

La Question 251 : Un changement en perspective m’angoisse

Variations par rapport à la moyenne par CSP
(OUI=1pt, NON=4pts, moyenne=2.51 soit « neutre »)

Cadres (informatique, télécoms)      0.25
Cadres autres secteurs      0.36
Chefs d’entreprises      0.31
Professions libérales      0.18
Professions intellectuelles, artistiques      0.17
Chercheurs ou médecins des hopitaux      0.03
Enseignants ou personnels de la santé –   0.04
Etudiants –   0.01
Collégiens-Lycéens –   0.07
Agriculteurs exploitants –   0.08
Ouvriers spécialises ou agricoles –   0.03
Artisans –   0.00
Commercants et assimilés      0.02
Employés (informatique, télécoms)      0.01
Employés de la fonction publique –   0.00
Employés des entreprises      0.00
Retraités, pré-retraités      0.03
Chomeurs et inactifs –   0.13

Observations : Il est très important de noter qu’avec un score moyen de 2.51, les variations font passer les réponses de « oui » à « non ».

Autrement dit, nous observons de façon claire et nette que les Cadres et Chefs d’entreprise Ne sont PAS angoissés par un changement de perspective
alors que les Chômeurs et inactifs le sont particulièrement

Interprétation

Cette question n’a pas de double sens. Elle est simple à comprendre.

Il semble donc que la caractéristique majeure de ces catégories professionnelles soit d’être pourvue d’une insensibilité émotive à l’éventualité d’un changement.

Autrement dit, si nous considérons qu’une émotion  de peur est un frein à l’action (ce qui est certainement discutable et un peu plus complexe dans les détails), alors nous pouvons estimer que cette insensibilité est la cause ou conséquence d’une capacité d’adaptation hors moyenne, c’est-à-dire une capacité à réagir pleinement à un changement.

Une fois de plus il est important de noter que cette attitude ne permet pas de dire si l’individu s’adapte effectivement adéquatement aux changements. Nous observons simplement que les Cadres et Chefs d’entreprise ne ressentent par défaut pas de peur à l’idée d’un changement. Plus que cela, avec 0.30 pts de différence, cette caractéristique est considérable.

Nous notons au passage le chiffre étonnant des « agriculteurs exploitants » qui mériterait certainement une analyse particulière. Hypothèse: Le changement est alors avant tout un changement de météo, c’est-à-dire une perte d’exploitation ?

En terme de recrutement

Il semble que pour un poste à responsabilité, la peur du changement soit hors moyenne et donc à creuser. En effet, s’il est « normal » pour un postulant d’avoir cette capacité à l’adaptation, il est à vérifier que le stress généré par un changement n’est pas aussi  un moteur  à l’adaptation, à la rigueur etc.

Donc, les cas qui posent question sont les Cadres et Chefs d’entreprise qui ont peur du changement. Cela n’en fait pas des incompétents pour autant, il faut simplement corréler cette question avec d’autres pour vérifier si cette émotion est bloquante ou pas.

En terme de psychologie

Cette approche par catégorie professionnelle doit attirer votre attention sur les mêmes cas particuliers en considérant que :

  • Les postes à responsabilités répondent significativement « Non », pas d’anxiété d’anticipation.
  • Les autres métiers sont non-signifiants
  • Le cas des Agriculteurs est certainement une conséquence du métier plus qu’une sensibilité psychologique (la cause et l’effet du trait anxiogène sont plus compliqués à déterminer)
  • Idem chômeurs.

 

Commentaires et questions, n’hésitez pas.

Différences entre Cadres et Employés – part 1

Rappel : Notre base de données contient 640 000 observations x 131 items(questions) sur 12 ans, qualifiée âge, genre, CSP
Voir les comptages par CSP

 

Il arrive souvent qu’au détour d’une tâche, on fasse une découverte qui n’a rien à voir avec ce qu’on était en train de faire.

Alors que nous travaillons sur la mise au point d’un algorithme de profilage automatique , nous avons remarqué une disparité étrange sur une question.

Il s’agit de la question 12 : J’ai des regrets (Ne pas avoir fait quelque chose)

et du coup aussi, la question 5 : J’ai des remords (Avoir fait quelque chose qu’on aurait préféré éviter) , qui est parfaitement corrèlée.

Un indicateur simple pour le recrutement ?

Variations par rapport à la moyenne par CSP sur : 12 : J’ai des regrets (Ne pas avoir fait quelque chose)
(OUI=1pt, NON=4pts, moyenne=1.9 soit « plutôt oui »)

Cadres (informatique, télécoms)      0.31
Cadres autres secteurs      0.43
Chefs d’entreprises      0.34
Professions libérales      0.25
Professions intellectuelles, artistiques      0.27
Chercheurs ou médecins des hopitaux      0.17
Enseignants ou personnels de la santé      0.15
Etudiants –   0.01
Collégiens-Lycéens –   0.19
Agriculteurs exploitants –   0.07
Ouvriers spécialises ou agricoles –   0.06
Artisans      0.02
Commercants et assimilés      0.05
Employés (informatique, télécoms)      0.09
Employés de la fonction publique      0.08
Employés des entreprises      0.09
Retraités, pré-retraités      0.03
Chomeurs et inactifs –   0.08

La question 5 contient le même genre de variations.

Donc, ce qui se voit clairement, c’est que les CSP+ sont au minimum 0.15 pts au dessus de la moyenne, et 0.30 pour les cadres et chefs d’entreprise.

Ce sont des différences plus que non-négligeables.

Interprétation

La question 12 reflète 2 comportements simultanés qui doivent être séparés par le biais d’autres questions :

  1. « J’ai des regrets » : parce que je ne suis jamais dans l’action et dans l’initiative
  2. « Je n’ai pas de regrets » : parce que je ne fais jamais l’analyse émotionnelle de ce que j’aurai pu faire ou pas

Il faut faire très attention au fait que les motivations de réponses ne sont pas sur le même plan.

Ainsi, on ne sait pas, a priori, si les Cadres et Chefs d’entreprise ont nettement moins de regrets parce qu’ils sont systématiquement plus dans l’action et l’initiative, ou si c’est parce qu’ils font moins soumis à cette « culpabilité » envers soi-même sur quelque chose de passé.

Autrement dit, on ne peut pas trancher sur ces 2 questions (remords et regrets) la cause psychologique. Par contre, il est à présent de l’ordre du fait que Cadres et Chefs d’entreprise, et plus globalement l’ensemble des postes à responsabilité, montrent une nette différence  sur ces 2 questions.

 

Pour les responsables des ressources humaines

La prochaine fois que vous poserez des questions à vos postulants, pensez à leur demander s’ils ont des regrets ou des remords, dans la vie en général  !
Les CSP- répondent plutôt oui, les CSP+ répondent plutôt neutre ou non

Ce sont deux questions centrales du rapport à l’action, l’initiative, le scrupule, la gestion de l’echec, le fatalisme etc.

La vraie difficulté sera de définir si le postulant n’as pas de regrets parce qu’il est tout le temps dans l’action ou si c’est parce qu’il ne fait pas (ou n’est pas sensible à) ce processus d’analyse du passé. Dans le premier cas, cela indiquera une force dynamique, dans le deuxième une « absence de scrupules ». Il y a fort à parier que ce soit souvent un peu des deux .

 

 

Trouver une methode de profilage automatique

Rappel: 640 000 observations sur 131 items sur 12 ans , tous âges, sexe, CSP

Il s’agit ici d’une réflexion à voix haute sur une problématique qui nous occupe. Les commentaires sont donc bienvenus.

Les données du problème

L’objectif est qu’à l’issue du test, les résultats permettent de dire si le profil de la personne correspond à une catégorie professionnelle. Autrement dit, de pouvoir dire à un employé qu’il a le profil d’un cadre, ou à un cadre qu’il a le profil d’un chômeur. (un peu d’humour noir …. 🙂 )

Le plus simple étant de prendre un exemple, nous nous baserons sur les « cadres du secteur informatique ».

La première étape est donc de repérer si les « cadres du secteur informatique » répondent différemment des autres catégories professionnelles et, en les rassemblant, générer un indicateur.

Empirique

Nous avons généré toutes les moyennes des 131 questions par catégorie professionnelle. Pour des raisons de confidentialité, nous ne pouvons les rendre public.

Pour autant, nous pouvons sortir quelques chiffres, pour le moins, étonnants.

Pour l’exemple qui nous préoccupe, la Q1 « Je fais attention à ma façon de m’habiller «  marque une différence !

Les cadres du secteur informatique ont une moyenne de 1.93 pts (de 1 à 4. oui =1 , non =4, neutre =2.5)

et les cadres « autres secteurs » ont une moyenne de 1.73 pts.

C’est une différence énorme ! Elle s’interprète facilement : Les cadres du secteur informatique font moins attention à leur façon de s’habiller que les autres. (En cela… pas de commentaires 🙂 )

Oui, mais comment le repérer ? :

– Avec une moyenne de 1.93 pt, nous sommes sur une réponse de type « plutôt oui » , mais avec 1.73 pts aussi ! Nous ne pouvons donc pas repérer sur cette simple question la différence entre les personnes.

Passer outre la méthode classique

La méthode classique la plus simple (que nous utilisons sur d’autres types de résultats au test) consiste à attribuer des points suivant la réponse. L’incrément est linéaire, par exemple : oui = 10pts, plutôt oui=6.5pts, plutôt non=2.5 pts et non=0pts.

Puis de créer un indicateur en moyenne de différentes questions suivant leur importance. Par exemple ( Q1 x 2 + Q123 x5 + Q321 x1 ) / 8 = résultat

Mais dans notre problème, cette méthode sera difficile à mettre en place car elle ne reflète pas « les tendances » par profils. Elle nous oblige à tout faire reposer sur l’importance des questions.
Autrement dit, il y a une sorte de perte d’information dans l’équation que nous serons condamné à essayer de recréer.

La conclusion s’impose : Nous devons trouver un moyen de refléter les différences de profils dans la cotation des réponses.

Autrement dit, nous devons trouver une méthode d’attribution des points non-linéaire et fonction des différences de moyennes.

La nouvelle méthode que nous allons tester

Soit les cadres du secteur informatique avec une moyenne à la Q1 de 1.93 pts , soit 0.25 > à moyenne générale (1.68)

Soit les cadres autres secteurs avec une moyenne à la Q1 de 1.73 pts, soit 0.05 > à moyenne générale

Nous partirons du principe que pour un cadre informatique, le fait de « ne pas faire attention à la façon de s’habiller » est plus courant que pour les autres (sauf les retraités qui montent à 2.09…)

aussi, au lieu d’attribuer la Q1 de la forme 10->6.5->2.5->0, nous coterons la Q1 de la forme 0->10->10->10 , et nous donnerons à cette question un facteur de 25 (écart x 100)

En d’autres termes, nous devons, dans le score final, prendre en compte que pour un cadre informatique, il n’est pas « normal » de faire très attention à la façon de s’habiller, alors que cela peut l’être dans toutes les autres catégories professionnelles.

Autrement dit, la formule finale, appliquée aux 131 questions du test de personnalité, sera composée de ( Ecart_moyenne_totale x 100) x poids + etc.

TODO (à faire)

  1. Ecrire un programme qui établis automatiquement l’équation
  2. vérifier que l’équation donne bien un score nettement différent que les autres CSP
  3. vérifier le taux de positifs sur 100 000 fiches

A suivre …

 

 

 

 

 

A la recherche de ce qui ne varie pas – Partie 2

Suite de notre recherche de ce qui ne varie pas sur 12 ans de données et 640 000 observations

Article précédent : La question « j’aime manger »

 

Nous allons à présent regarder de plus près

la Question 326 : »Les formes sensibles ne sont qu’un renseignement »

D’emblée, nous avons parfaitement conscience que cette question est difficile. Il est donc probable que beaucoup de sujets aient répondu au hasard, ce qui expliquerait sa constance proche de la moyenne neutre à 2.50 pts.

Pour autant, cette question pose aussi 2 paradigmes de la perception :

1. Ce que je perçois est de la pure information.

2. Ce que je perçois contient du sens en plus de la simple information.

De plus, et c’est là une bonne surprise, les variations de moyennes font passer de oui à non et inversement !

Variations par années et par mois

Aucune variation notable de 2001 à 2013, la moyenne reste à 2.56 (Ecart moyen de 0.02), c’est-à-dire, plutôt non.

 

Par genre, entre les hommes et les femmes

Si les personnes ont répondu au hasard, alors les hommes et les femmes n’ont pas le même hasard …

B_Q326
B_genre Moyenne N Ecart type
1 2.48 243812 .919
2 2.61 398668 .956
Total 2.56 642480 .945

 

Là c’est vraiment intéressant. Non seulement il y a un écart non-négligeable entre les hommes et les femmes sur cette question, mais en plus il s’agit d’une réponse opposée !

Pour les hommes, OUI, les formes sensibles ne sont qu’un renseignement.
Pour les femmes, NON, les formes sensibles ne sont pas qu’un renseignement.

Et pour le coup, ce résultat nous a tellement surpris que nous vous donnons aussi le comptage pour bien mesurer l’impossibilité d’une erreur.

Il semble donc qu’en cherchant ce qui ne varie pas, nous ayons trouvé une des différences fondamentales entre les hommes et les femmes (sans dire pour autant sa cause, culturelle, biologique etc.) . Autrement dit, l’un et l’autre perçoivent le réel différemment. Les hommes perçoivent de l’information, les femmes perçoivent du sens.

Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises…

Variations par âge

B_Q326
B_age Moyenne Ecart type
0-16 2.56 .969
16-18 2.59 .928
18-25 2.59 .926
25-35 2.54 .949
35-45 2.46 .994
45-55 2.39 .997
55+ 2.30 .975
Total 2.56 .945

Ces chiffres sont particulièrement importants. Avec l’âge la réponse passe de NON (jusqu’à 35 ans) à OUI (au-delà)

Résumé vulgairement, quand on est jeune on croit que tout à du sens, à 40 ans, on y croit plus ! C’est la crise de la quarantaine !

Par métier

B_Q326
B_cspintra Moyenne Ecart type
Cadres (informatique, télécoms) 2.50 .882
Cadres autres secteurs 2.50 .907
Chefs d’entreprises 2.44 .947
Professions libérales 2.46 .991
Professions intellectuelles, artistiques 2.60 .992
Chercheurs ou médecins des hopitaux 2.48 .968
Enseignants ou personnels de la santé 2.55 .967
Etudiants 2.60 .912
Collégiens-Lycéens 2.59 .942
Agriculteurs exploitants 2.52 .967
Ouvriers spécialises ou agricoles 2.48 .988
Artisans 2.50 1.008
Commercants et assimilés 2.49 .992
Employés (informatique, télécoms) 2.56 .926
Employés de la fonction publique 2.53 .977
Employés des entreprises 2.55 .960
Retraités, pré-retraités 2.25 .957
Chomeurs et inactifs 2.55 .996

Pour les retraités, oui, les formes sensibles ne sont qu’un renseignement, et cela confirme la courbe descendante selon l’âge

Et pour les intellectuels et les artistes, non, il y a plus dans les formes sensibles.

Voilà les 2 opposés.

Conclusion

Mine de rien, par cette simple analyse de surface, 2 observations importantes :

Alors que cette question semble indépendante de l’époque (invariante sur 12 ans), elle a la particularité d’opposer 2 visions du réel. Nous aurions pu penser, qu’étant donné la difficulté de la question, les réponses seraient pour le moins toutes orientées selon la même tendance. Et c’est là la surprise : Les variations sont de l’ordre de la réponse opposée.

Ainsi, hommes et femmes sont plus que différents, il sont opposés sur cette question.

De même, l’âge fait changer d’avis sur la question .

Nous regrettons de ne pas avoir demandé des 1999 l’âge exact des sujets, ce qui nous aurait permis de définir exactement l’âge de « bascule ».

Nous pouvons donc dire que cette question est invariante, a priori culturellement, mais qu’elle reste particulièrement dépendante de l’expérience du réel, au sens du vécu.

Plus que cela, nous pouvons plus philosophiquement affirmer que la prise de position de « percevoir du sens », ou « il y a du sens », est durement mise à l’épreuve au fil des années vécues… au point même d’être abandonnée autour de 40 ans…

Prophétie hypothétique : Il nous paraîtrait étonnant qu’un tel changement de paradigme ne s’accompagne pas de changement physiologique, en cause ou en effet.

To be continued

A la recherche de ce qui ne varie pas – Partie 1

Rappel: Nous nous intéressons à la recherche de ce qui ne varie pas dans le temps, ni par âge, ni par genre sur les 131 questions du test psychologique que nous maintenons (640 000 testés sur 12 ans).

Note : Oui=1 , Non =4

La Q3 : « J’aime manger »

Interprétation de la question : Difficile d’imaginer qu’il y ait un biais sur cette question. Le seul qui nous paraît possible est celui de l’horaire de passation. En effet, dans les magasins, il a été observé une augmentation des achats sur les horaires qui précèdent les repas. Nous pouvons donc émettre l’hypothèse que cette variation se retrouve ici.

Par heures

Le graphique parle de lui-même :

tab002

A 4 heure du matin, l’homme à faim ! Certainement ceux qui ont un travail de nuit.

A 10 H , l’homme à faim ! Milieu de matinée, les ventres grognent.

A 16/17 H, l’homme à faim ! C’est l’heure du goûter.

reste le pic de 3h qui est étrange.

Entre les hommes et les femmes

B_genre Moyenne Ecart type
Homme 1.60 .791
Femme 1.59 .841
Total 1.59 .823

 

0.01 point (sur 4) de différence sur 640 000 observations, et donc plus de 250 000 pour chaque sexe.

si 0.01 est négligeable: Le fait d’aimer manger n’est pas différent que l’on soit un homme ou une femme.
si 0.01 n’est pas négligeable : Les homme aiment un tout petit peu moins manger que les femmes.

Par âge

B_age Moyenne Ecart type
0-16 1.66 .863
16-18 1.59 .826
18-25 1.55 .796
25-35 1.59 .804
35-45 1.68 .863
45-55 1.75 .896
55+ 1.79 .936
Total 1.59 .823

 

L’appétit vient en étudiant ! L’âge est donc une variable importante de cette question. Qu’il s’effrite avec les années grandissantes est une chose qui nous semble logique en terme de gestion et besoin en énergie. Par contre, la différence entre les adolescents et les jeunes adultes nous apparaît étonnante.

Par mois

B_mois Moyenne Ecart type
1        1.5968 .824
2         1.5817 .814
3         1.5868 .819
4         1.5861 .815
5         1.5932 .825
6         1.6027 .826
7         1.6033 .826
8         1.6060 .828
9         1.6037 .824
10         1.5903 .823
11         1.5885 .821
12         1.5993 .827
Total 1.59 .823

tab001

Là il y a quelque chose d’étrange. Que l’appétit baisse en période estivale, cela nous paraît tout à fait normal. Par contre, le mois de décembre devient singulier… La période des fêtes serait-elle trop riche ?

 Par taille

B_taillenum Moyenne Ecart type
Petit 1.63 .867
Moyen 1.60 .827
Grand 1.56 .791
Tres grand 1.54 .807
Total 1.59 .823

Rien d’étonnant: plus on est grand, plus on a besoin d’énergie, plus on aime manger.

Par métier

B_cspintra Moyenne Ecart type
Cadres (informatique, télécoms) 1.67 .807
Cadres autres secteurs 1.62 .787
Chefs d’entreprises 1.60 .811
Professions libérales 1.64 .840
Professions intellectuelles, artistiques 1.60 .833
Chercheurs ou médecins des hopitaux 1.68 .861
Enseignants ou personnels de la santé 1.61 .838
Etudiants 1.56 .799
Collégiens-Lycéens 1.62 .840
Agriculteurs exploitants 1.57 .808
Ouvriers spécialises ou agricoles 1.56 .806
Artisans 1.56 .824
Commercants et assimilés 1.55 .820
Employés (informatique, télécoms) 1.61 .816
Employés de la fonction publique 1.60 .831
Employés des entreprises 1.57 .817
Retraités, pré-retraités 1.83 .966
Chomeurs et inactifs 1.61 .857
Total 1.59 .823

Voilà qui est intéressant !

Au top de ceux qui ont le moins d’appétit : Les retraités. Cela corrobore les chiffres liés à l’âge. Puis les chercheurs et médecins des hôpitaux.

Mais au top de ceux qui ont le plus d’appétit… on retrouve les commerçants !

Conclusion

Nous avons étudié brièvement cette question parce qu’elle varie peu dans le temps avec un écart moyen de 0.02 pts sur 12 ans. Dans le détail, les choses deviennent vite plus complexes, notamment avec les chiffres par métier.

En effet, nous nous sommes permis de d’interpréter cette question comme un indicateur de l’appétit et/ou de la satiété.

Que cet indicateur varie avec les besoins en énergie (heure, âge, taille), cela est tout à fait normal et la dépendance n’est pas à discuter.

Par contre, dés que l’on s’intéresse aux métiers, les variations entre CSP deviennent trop importantes pour être expliquée superficiellement. Cela dit, il y a fort à parier que le fait de particulièrement « aimer manger » soit lié à une sorte « d’avidité » (commerçants). Mais comment expliquer la différence de 0.05 pt entre les cadres du secteur informatique et des autres ?
Ou comment expliquer  le score des chercheurs (1.68) ?

Cela reste des questions en suspend.

 

 

 

 

A la recherche de ce qui ne varie pas – repérage

Toutes ces données accumulées sont un peu comme une boite de pandore. Il y a tout à comprendre, à analyser, sur tous les axes, dans toutes les dimensions.

Mais en écrivant les travaux préliminaires sur la différence entre les hommes et les femmes, nous nous sommes aperçu qu’au milieu de toutes ces chiffres qui varient, ce qui est vraiment intéressant du coup est ce qui ne varie pas.

Quelles sont donc ces questions sur lesquelles les moyennes ne changent pas dans le temps, ni par âge, ni par genre ?

Autrement dit, quels sont ces sujets qui sont indépendants de l’époque, de l’expérience ou des hormones ?

Voilà une belle quête.

Ni une ni deux, nous avons fait tourner nos logiciels de statistique sur cette recherche. Et la réponse est incroyable :

Les 2 questions dont les réponses moyennes ont un écart moyen de 0.02 (sur 4pt) sur 12 ans et 605 000 observations :

 

Il s’agit de la Q3 : « J’aime manger »

et de la Q326 : « Les formes sensibles ne sont qu’un renseignement  »

2 belles analyses en perspectives ! Car si ces deux questions ne varient pas sur 12 ans, reste tout de même à vérifier que c’est vrai aussi avec l’âge et avec le genre.

Pendant que nous y sommes, il y a aussi LA question qui varie le plus sur 12 ans, avec un écart moyen de 0.19 (presque 10 fois plus).

Il s’agit de la question Q353 : « Je récompense facilement les efforts des autres » …

To be continued